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Les monuments commémoratifs

Très tôt, Tony Garnier s’intéresse à l’art de la commémoration monumentale : il devance le grand mouvement d’édification des monuments aux morts que va connaître la France dès 1919, en réalisant 20 ans plus tôt un monument pour la ville d’Albertville. Pour cet architecte-urbaniste, la sculpture est un art fondamental qu’il ne cessera d’associer à ses constructions.

La Première Guerre mondiale est si terrible que l’on recense, dès 1915, tous les soldats tombés au combat.
La population traumatisée ne veut pas passer sous silence le sacrifice de toute une génération et les familles souhaitent que s’élèvent des monuments, pour honorer la mémoire de leurs disparus.

Bouleversé par la mort de son neveu Léoville Toccanier sur le champ de bataille, Tony Garnier se met à dessiner des monuments aux morts. Ainsi envisage-t-il, avant même une commande officielle, un projet titanesque dans sa ville, à la Croix-Rousse, à l’emplacement du « Gros Caillou » : nommé Athéna, il s’agit d’un temple laïque abritant une statue colossale de la déesse, point d’orgue d’une opération d’urbanisme majeure, le prolongement de la rue de la République vers le nord.

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Projet Athéna. Vue en contre-plongée des faces sud et est depuis la place Bellevue. Crayon sur calque. Tony Garnier, 1918. Publié dans La Vie Lyonnaise du 12 juillet 1919.

Collection Musée des Beaux-Arts de Lyon

Lorsque la municipalité lyonnaise lance en 1920 son concours pour l’érection d’un monument, l’architecte soumet au jury son Athéna mais aussi 5 autres projets.

1. En rive droite de la Saône, face au quartier d’Ainay, il prévoit un long mur-rempart portant les noms des disparus.

2. Au confluent, à l’emplacement de l’actuel musée, il réfléchit à une double colonne surmontée d’une œuvre du sculpteur et ami Jean-Baptiste Larrivé.

3. À la Sarra, dans l’enceinte du cimetière de Loyasse, il projette une forêt de stèles.

4. Au Parc de l’Est, l’architecte dessine un monument grandiose à redents.

5. Sur l’île aux Cygnes du Parc de la Tête-d’Or, il conçoit le spectaculaire projet Philae.

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Monument aux morts, Parc de l'Est. 1920. Les grands travaux de la ville de Lyon. Éditions Charles Massin, collection MUTG

Parmi les 31 candidats en lice, c’est le dernier projet qui sera approuvé par le conseil municipal en 1922. Pour le mener à bien, Garnier s’adjoint les talents de quatre sculpteurs : Jean-Baptiste Larrivé et son frère Auguste sont chargés du cénotaphe, tandis que Claude Grange et Louis Bertola réalisent les 4 bas-reliefs qui participent au récit et rythment le parcours commémoratif.

Le monument s’inscrit parfaitement au sein de son environnement : l’île entière commémore le souvenir de la disparition de ces 10 600 Lyonnais morts pour la France. Lors de l’inauguration en 1930, l’arrivée sur l’île ne peut se faire qu’en barque. Les familles sont invitées à parcourir le monument, rendant hommage à leurs disparus, au rythme d’une déambulation solennelle et silencieuse sur l’île du Souvenir.

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Monument aux morts de l'île aux cygnes, projet définitif datant de 1925. Crayon et encre sur calque. Tony Garnier. Collection musée des Beaux-Arts de Lyon

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L'île de Philae, Égypte. Carte postale du début du 20e siècle montrant les vestiges du temple d'Isis à demi-engloutis sous les eaux du Nil. Collection MUTG

Le projet Philae fait référence à l’île égyptienne éponyme, sur laquelle a été édifié le temple d’Isis : à la création du premier barrage d’Assouan en 1902,
le niveau du Nil est monté et l’île a été engloutie. Lors de la mise en service du second barrage en 1970, le temple édifié sur l’île a été déplacé sur une île voisine.
Tony Garnier a, semble-t-il, visité l’Égypte durant un périple méditerranéen en 1904.

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Le monument de l'île du Souvenir aujourd'hui. Photo Noémie Delaire, MUTG

En dehors de cette commande municipale, Tony Garnier est sollicité par les comités d’intérêts généraux de Monplaisir pour la réalisation d’un monument situé à l’intersection du cours Albert Thomas et de l’avenue des Frères Lumière. L’architecte s’associe à nouveau à son ami sculpteur Jean-Baptiste Larrivé. Inauguré en 1922, Garnier imagine un mur à redents d’une grande sobriété, accompagné au verso d’un bas-relief, « La guerre aveugle ». À l’arrivée du métro en 1991, le monument a été déplacé, rue Maurice et Léo Trouilhet.

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Monument aux morts, Monplaisir. Vue sur le relief de Jean-Baptiste Larrivé,
à son emplacement d'origine, 1922. Collection Bibliothèque Municipale de Lyon

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